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Les Trois Compagnons Bâtisseurs de Cathédrales

Les Trois Compagnons Bâtisseurs de Cathédrales

Voici l’histoire que l’on raconte à propos de trois compagnons bâtisseurs sur un chantier de cathédrale. Un voyageur s’adresse aux trois compagnons qui taillent chacun une pierre et leur demande ce qu’ils font. Le premier répond : « je travaille pour nourrir ma famille et mes enfants forts nombreux ». Le second répond « je taille de la pierre, je ne sais faire que cela, j’aime mon métier alors je taille la pierre pour mon maitre ». Et le troisième compagnon de répondre : « je construis une cathédrale. »

Composition de la fresque

Regardez attentivement la fresque. Vous apercevez, en partie inférieure, trois blocs non taillés sur un dallage de pavés. Au premier plan à gauche, un appentis qui contient également un dallage de pavés. Au second plan trois ouvriers avec chacun une pierre taillée en forme de cube, ils sont séparés par deux colonnes.

Les voûtes, symboles de l’équilibre

L’ensemble est délimité, en partie supérieure, par une forme de voûte en arc surbaissé. La technique de voûte, qu’elle soit de plein cintre, surbaissé ou gothique, est une composante architecturale incontournable de la construction d’une cathédrale. En effet elles permettent des ouvertures de grande dimension, et la réalisation les contreforts de grande portée. L’objectif architectural est de faire entrer un maximum de lumière dans l’édifice. D’autre part, les voûtes sont utilisées pour offrir une acoustique en échos, et les visiteurs, pèlerins et fidèles se sentent enveloppés d’une ambiance sonore, sans que l’on perçoive exactement d’où viennent les sons, un peu comme une présence mystérieuse. Ainsi la forme de la voute dessinée sur la fresque à l’interface avec le ciel d’or, subtil et cosmique, est en soit l’œuvre que les compagnons voudront atteindre, comme une sorte d’équilibre des forces.

Le trait bleu, le pavé en mosaïque

Le dallage de pavés était utilisé pour tracer facilement des repères, qui servaient à l’assemblage des éléments d’ouvrage comme par exemple les rosaces. La composition utilise ce pavé pour une perspective de profondeur et d’espace, qui entraîne le regard à droite et à gauche, et au-delà des limites du tableau, comme si le travail des ouvriers dépassait les limites du chantier.

Couleurs utilisées

La couleur générale de la fresque est une nuance de bleu et d’or, comme décrit dans la tradition pour signifier un don accordé aux bâtisseurs, car l’or signifie la richesse et le bleu la sagesse. La couleur bleue est celle du trait encore utilisée de nos jours pour indiquer sur un chantier toutes les horizontales (les ouvertures, les seuils, le sol fini). La couleur de la pierre brute est brune, et celle de la pierre taillée plus claire, inspirant l’idée de l’avancement du travail et d’un polissage long et minutieux.

Messages de la fresque

Le premier message que propose cette fresque est que l’être humain peut avoir trois niveaux bien différents de considérer son action. Le premier ouvrier assure sa subsistance et ne prête pas attention au monde des symboles, où pourtant il passe ses journées. Le second est un bon technicien qui ne s’interroge pas sur la signification ses actes, même s’il les réalise avec application. Le troisième a un niveau de conscience supérieur, hors du temps, qui discerne le chef d’œuvre par-delà son travail : il voit déjà la cathédrale au cœur du chantier, au cœur de la matière. Il porte la sérénité en lui, il est en conscience de ses actes et de ses conséquences.

Pour une seconde lecture de la fresque, observez attentivement l’attitude des trois ouvriers. Elle rappelle que les apprentis et compagnons, lors d’un chantier, se devaient de respecter chaque jour un équilibre entre le temps du travail pour le maître, le temps pour se reposer, et un temps de travail pour Dieu. Ces trois temps sont figurés par le compagnon au travail sur son ouvrage, celui assis pour se reposer, et celui debout pour s’élever.

La spiritualisation de la matière

Une troisième lecture de la fresque est indiquée. Le premier compagnon ne voit dans la pierre qu’un gagne-pain pour sa famille, autrement dit il ne regarde pas la pierre pour ce qu’elle est, il ne voit pas la matière. Le second compagnon travaille la pierre par amour de son métier dans un dialogue avec elle : il la sonde, en comprend sa résistance, ses failles, visualise sa forme, sa lourdeur, sa nervosité, et ses qualités. Il a un lien sensible avec la matière, affectif, voire affectueux. Le troisième compagnon, parce qu’il visualise la position future de la pierre dans sa finalité, a une vision de l’élévation de la matière. Dans l’ancienne tradition des tailleurs de pierre, cette spiritualisation de la matière sera le long travail du compagnon, qui lui permettra de s’élever au grade de Maître. Le long travail intellectuel est indiqué sur la fresque par le l’échelle qui accompagne les trois compagnons, qui représentent trois temps de l’évolution d’un ouvrier depuis son apprentissage, son compagnonnage, pour finalement accéder au soleil, symbole de la pleine lumière et de vérité.

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