La Mort du Cocher

La Mort du Cocher
Huile sur toile 116 x 89 cm

Le visible et non visible…

L’espace terrestre (monde sensible, visible, matériel, tactile, sonore etc) en partie basse, est séparé de l’espace cosmique (monde divin, spirituel, ésotérique, subtil, non visible avec les yeux) par une ligne d’horizon qui dessine deux montagnes et une plaine.

Le passage entre les deux mondes se fait par exemple par l’arbre des ancêtres (visible dès la sortie de la caverne, en haut à gauche du tableau), symbolisé par le peuplier dans le vent. Mais si le mental l’admet facilement, en fait il faut beaucoup de courage pour croire que c’est le vent, non visible, qui anime les feuilles dans cet arbre que l’on voit bouger au loin. Il faudrait ainsi un courage immense pour croire en ce qui n’est pas visible et qui anime les êtres.

Le tableau propose un autre passage, sous la forme d’un cheminement, plus long, plus difficile, plus personnel, symbolisé une échelle (inspirée de l’échelle de KADOSH ou échelle de JACOB). Chaque échelon est une étape irréversible (prise de conscience, meilleure connaissance de soi, épreuve d’une vertu, visualisation, émotion, rencontre, etc). Ici le cheminement s’étire derrière la plaine, pour chercher derrière le monde matériel la pleine (plaine) Vérité, symbolisée par le soleil.

Cheminer autrement vers la lumière ?

L’espace terrestre, en bleu, est séparé par une rivière : à gauche, le cheminement est solitaire, chaotique, et à droite, il est plus fluide, plus facile, moins encombré..

L’espace cosmique est représenté, sur un fond de couleur or, avec

Les lunes, qui symbolisent ce qui est cyclique, qui porte un sens qui vient de la nuit, par réflexion)
Le soleil : la conscience pure, l’état zen, le principe fondamental de la vie…
Les étoiles ont des liens entre elles que nous ne connaissons pas. Chacun de nous a sa bonne étoile qui lui sert de guide. Les étoiles forment une voute céleste et bienveillante.

L’attelage de Platon

La représentation de l’attelage (qui symbolise l’être humain), librement inspiré de l’allégorie du char de Platon, doit être ici lue de la façon suivante :

Le cheval représente le corps, les émotions, les sensations…
Le cocher représente l’Ego (le mental, la volonté, la capacité de se rappeler le passé et de se projeter vers l’avenir)
• L’intérieur de l’attelage (ou le maître de l’attelage) représente la conscience pure (l’être connecté, les forces vitales de la nature, la vérité, l’innocence de l’enfant qui est en nous, etc.). La couleur/nature est la même que celle du soleil qui se lève.

La conscience pure a une toute petite voix (la petite voix du cœur), qui ne peut être entendue que si le cocher arrête de parler avec sa grosse voix autoritaire (le flot ininterrompu de nos pensées, nos devoirs, nos idées reçues etc.). En général, l’attelage avance (progression dans la vie), guidé par le cocher. Parfois l’attelage s’emballe, quand le cocher ne contrôle plus le cheval (émotion trop forte) ou refuse de bouger (le corps n’en peut plus, il est malade, etc).

Le cheminement de la Mort du Cocher en trois temps

Aussi, pour accéder à un niveau supérieur de conscience, le cocher devra rester discret, ce qui lui est impossible (il est quasi impossible de faire taire la voix du mental : une voix qui dirait au mental de se taire est une voix du même mental, et fait encore trop de bruit).  La mort du cocher est perceptible dans de rares moments de méditation, ou lors de la pratique de sport extrême (il n’y a plus de volonté, il n’y a que l’instinct) ou sous l’emprise de drogues qui altèrent le jugement.
Pour éteindre la voix du mental, le tableau propose un cheminement, une sorte de processus initiatique, pour accéder à une vision non rationnelle, le regard du cœur, la béatitude, la pleine conscience.

Première partie du cheminement : persévérance et lâcher prise.

Ainsi pour sortir de la caverne ténèbres (à gauche du tableau) et accéder à l’espace lumière, il ne faut pas chercher nécessairement à gravir des montagnes, mais

  • Commencer par descendre (à l’intérieur de nous-même pour nous connaitre), se laisser entraîner dans le chemin en pente (lâcher prise, en confiance, avec bienveillance et insouciance).
  • Rester dans le temps présent (dans le sablier seul le grain qui vient de tomber est lumineux, les autres grains, non encore dans l’instant présent, ne sont que des hypothèses, donc noirs : ils ne sont que des projections et ne valent rien d’un point de vue de la vérité)
  • Surmonter l’obstacle « blocs » en travers du chemin (le symbole est double : les cailloux représentent aussi des pierres précieuses, des richesses qui nous détournent de notre quette)
  • Surmonter la difficulté de saisir un message non verbal (l’effet de musique, représenté par les touches de piano, roi des instruments, qui permet sans aucun mot une très grande richesse d’expression d’émotions).
  • Continuer, même si le cheval a une jambe cassée ou un pansement sur le sabot (protection de blessures que l’on a gardées)
  • Traverser la rivière (vaincre la peur de ne pas avoir pied, résister au flot tumultueux qui submerge notre quotidien). Le cocher doit accepter d’être purifié, lavé dans son esprit (renoncer aux préjugés et aux fausses croyances qui emplissent notre tête).

Seconde partie du cheminement : se laisser guider.

Le cocher est dépassé, il renonce à guider le cheval, lâche les rênes, laisse le cheval libre et l’attelage avance « à l’intuition ».

Maintenant l’attelage est guidé par le personnage bleu (le référent, l’initié, le guide, le maître). Il s’agit d’un guide émotionnel, comme le montre le lien entre le personnage bleu et le cheval de l’attelage. La duplication de la tête (conscience) du personnage bleu, à la manière des points dans le livre de Kells, indique que le cheminement est accompagné par un grand nombre de personnes (les corps ne sont pas représentés : on peut ne pas les connaitre ni les voir) ; elle symbolise la sensation d’enveloppement bienveillant de lumière. L’attelage reste libre et n’est pas gêné par cet enveloppement, un peu comme les papillons translucides (graines d’arbre de vie) autour de Jack dans  le film ‘Avatar’

Troisième partie du cheminement : la lumière.

Enfin le cheminement est élévation à la rencontre de la lumière dans un paysage (vision) élargi, sans l’ombre de montagnes

Autres éléments symboliques

D’autres symboles sont disposés pour donner un autre niveau de lecture du tableau :

  • Les piliers de la connaissance, la transmission par les anciens,
  • L’étoile cosmique des fresques antiques égyptiennes,
  • Le coq, emblème de Saint Jean le Baptiste, qui voit la lumière alors que le monde romain est encore dans les ténèbres spirituelles, et chante près de la caverne pour nous dire que la lumière va venir.

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